ComplémentsLa vie du Père Lamy en quelques mots.
Le Père Lamy est né le 23 juin 1853 au Pailly, petit village du Grand Est au nord de Dijon. Son grand amour de la Sainte Vierge le pousse vers le sacerdoce mais il est trop pauvre pour pouvoir entrer au séminaire. Après trois ans et demi de service militaire il devient oblat de Saint-François-de-Sales à Troyes et entreprend avec difficulté des études de théologie tout en prenant la responsabilité d’un patronage. Il accueille les enfants et les jeunes ouvriers pour leur donner les bases de la vie chrétienne et les distraire. Il est, enfin, ordonné prêtre le 12 décembre 1886. Ses supérieurs l’envoient comme vicaire à Saint-Ouen, près de Paris, puis, en 1900, comme curé de La Courneuve. Il s’efforce, avec douceur, de convertir ses paroissiens, pour la plupart des maraîchers et des chiffonniers, qu’il appelle « mes chers biffins ». Il consacre sa paroisse au Cœur Immaculé de Marie, Refuge des Pécheurs. Le 9 septembre 1909, le père Lamy est chargé par la Sainte Vierge de fonder un pèlerinage à Notre-Dame-des-Bois (Haute-Marne) ainsi qu’une congrégation religieuse. Après un essai de fondation infructueux et de courte durée, le Père Lamy meurt le 1er décembre 1931 chez son ami le comte Paul Biver qui continuera son œuvre.
Biographie détaillée du Père Lamy.
Jean-Édouard Lamy est né au Pailly (Haute-Marne), le 22 juin 1853 et fut baptisé le lendemain, veille de la fête de saint Jean Baptiste. La Haute-Marne est l’une de ces régions frontalières rurales au relief inégal, peuplées d’arbres davantage que d’hommes, et plus facilement oubliées par les administrations. Mais la Sainte Vierge, elle, n’oubliait pas les plus petits de ses enfants. On ne sait pas si Jean-Édouard est allé à l’école, mais il est certain qu’il gardait les vaches, qu’il jouait dans le ruisseau et pêchait les écrevisses quand le garde-pêche avait le dos tourné. On sait aussi qu’il vivait dans un climat de piété : les hommes de son pays chantaient des cantiques quand ils allaient aux champs. Jean-Édouard, lui, faisait peut-être davantage, puisqu’on l’appelait « l’enfant au chapelet » ; il jouait aussi à faire des processions et servait la messe. Peu à peu, grandit en lui le désir de devenir prêtre, et l’on se mit à préparer le trousseau en vue de l’entrée au séminaire. En 1869, la maison familiale fut incendiée, et tout fut perdu. Il dut renoncer au sacerdoce diocésain. En 1875, Jean-Édouard fut appelé sous les drapeaux, pour une durée de trois ans et demi, selon les coutumes d’alors. Le climat de la caserne était sans doute assez différent de celui de son village ; mais Jean-Édouard, qui savait à peine écrire, fut bientôt sollicité pour écrire les lettres personnelles de ceux de ses camarades qui ne savaient pas écrire du tout. L’aumônerie militaire était alors une nouveauté, autorisée par la loi de 1874, et l’abbé Henri Nicole fut nommé aumônier à Mézières. Jean-Édouard s’occupa d’abord de la bibliothèque du « Cercle militaire » ; puis, avec son aumônier, il fonda la « Légion de Saint-Maurice » pour aider des jeunes soldats à se maintenir dans les pratiques de la vie chrétienne et de la morale. Des oppositions injustifiées firent retarder sa promotion au grade supérieur, mais il finit par être nommé caporal le 10 novembre 1876, puis sergent le 4 mars 1878. Le service militaire terminé, il fut sollicité pour quelques mois de travaux supplémentaires dans sa famille et pour l’église du Pailly.
Toujours désireux de devenir prêtre, Jean-Édouard fut présenté par des amis aux Oblats de Saint-François-de-Sales, qui se fondaient à Troyes. Après une retraite, il quitta définitivement les siens le 1er septembre 1879 et s’engagea. On le mit d’abord comme assistant à l’Œuvre de la Jeunesse, une sorte de patronage destiné à maintenir les pratiques de la vie chrétienne chez les adolescents et les jeunes gens, qui, à cette époque, travaillaient assez jeunes et rencontraient de mauvaises influences dans leurs lieux de travail. En même temps, il étudiait, quand il en avait le temps. Il n’eut jamais beaucoup de succès aux examens, et fut tenté par le découragement ; mais saint Joseph vint à son secours, et un jour il lui commanda nettement : « Soyez prêtre ! », et fixa sa vocation en lui redonnant courage. Après ses vœux perpétuels, le 29 août 1885, il fut finalement admis à l’ordination le 12 décembre 1886, dans la chapelle des Spiritains, rue Lhomond à Paris Paris (Ve arrondissement). Aussitôt ordonné, il est nommé directeur de l’Œuvre par les Oblats. Il la réorganisa, renvoyant d’abord la plupart des sujets pour ne garder que les meilleurs, avec lesquels il la reconstruisit. Il en fait une école de respect : respect de Dieu, des parents, du bien d’autrui, des autres et de soi-même. L’Œuvre prospère. Le Père Lamy devint le confesseur de « tous les enfants de la ville », et fut connu comme « le curé des voyous », celui qui venait plaider auprès du juge pour qu’on ne les condamne pas pour des bagatelles. Il aimait aussi visiter les fabriques, pour voir dans quels milieux travaillaient ses jeunes. « Que de misères, mais aussi que de cœur ! », disait-il. Les austérités, volontaires ou non, - nuits trop courtes, nourriture insuffisante… - eurent raison de sa santé. Au printemps 1892, il était sérieusement malade et le médecin prédit sa fin prochaine. Les Oblats l’envoyèrent respirer l’air pur, à Guéret dans la Creuse, où on espérait fonder une œuvre grâce au don d’une propriété. Seul, sans moyens, il se laissa nommer vicaire de la paroisse de Guéret en attendant les directives.
À l’été 1892, il fut rappelé par ses supérieurs et envoyé comme vicaire à Saint-Ouen (actuelle Seine-Saint-Denis) dans la banlieue parisienne. Là, il s’occupa des catéchismes et développa les patronages. Mais en 1900, il eut un pressentiment : l’État français allait bientôt expulser les congrégations enseignantes, dont faisaient partie les Oblats. Il demanda, et obtint, d’être nommé curé de paroisse dans le diocèse de Paris. Ainsi cessa-t-il d’être Oblat, tout en « restant de cœur attaché » à sa Congrégation, comme le lui demandait son supérieur le Père Brisson. Le 14 septembre 1900, Père Lamy était installé à La Courneuve, une paroisse de maraîchers où, au début, l’on venait à la messe autant pour vendre ses légumes que pour prier… Doucement il s’efforça de remettre les choses à leur place. Il commença par consacrer sa paroisse au Cœur Immaculé de Marie, « Refuge des Pécheurs », et fonder les confréries du Sacré-Cœur et du Cœur de Marie… Il était surtout triste de voir combien les enfants s’éloignaient rapidement de Dieu, et résolut de fonder pour eux des patronages. Malgré l’opposition des Francs-Maçons et quelques persécutions, la Sainte Vierge l’aida : dès 1905, on inaugure rue Villot un patronage pour les filles, et en 1906, celui des garçons, rue de la Convention. C’était l’époque où l’État français entrait en guerre ouverte avec l’Église. Lorsqu’en mars 1906, on vint inventorier son église, le Père Lamy protesta vivement, et même se barricada dans l’église, ce pourquoi la Sainte Vierge le félicitera plus tard. Mais elle ne permit pas, lui dira-t-elle alors, qu’il fût arrêté car il n’aurait pas compris, à cette époque, quel honneur est celui de souffrir pour Jésus. La Courneuve grandit rapidement, comme ces banlieues de la « zone » où l’on vient s’entasser. Le Père Lamy aimait beaucoup ces populations d’humbles gens, de chiffonniers : « Mes chers biffins ! disait-il. Voilà mes palais et mes princes ! » Il entrait partout, portait la communion aux malades, visitait les familles, allait chercher les âmes en perdition ou simplement semer une bonne parole. Le 9 septembre 1909, en pèlerinage à Gray, le Père Lamy fut touché par un événement très spécial. Dans une vision, la Sainte Vierge lui demanda de fonder un pèlerinage à Notre-Dame-des-Bois (Haute-Marne), tout près de son village natal, « car, dit-elle, ils n’ont rien dans ces contrées ». Elle lui montra le lieu, la statue qu’il devait y mettre, et la maison qui servirait de chapelle. Elle lui demanda aussi de fonder une congrégation religieuse. Peu de temps après, le terrain sur lequel se situait la maison fut mis en vente : il l’acheta. En janvier 1913, dans un magasin de Paris, il trouva la statue qu’il avait vue pour ce pèlerinage. Le 20 avril 1914, il porta la statue, et la maison se transforma en chapelle. Les pèlerins affluèrent. Plus tard l’endroit fut confié à l’évêché de Langres qui devint le gardien de ce lieu de pèlerinage, dont la fête annuelle est fixée au dimanche proche du 8 septembre. Avec l’autorisation de l’évêque, le P. Lamy y célébrera la première messe le 14 juin 1922. Un détail qui a étonné certaines personnes, c’est que le P. Lamy voyait en même temps la Sainte Vierge et le diable dialoguant entre eux, mais ce dernier ne venait qu’avec « la permission du Père ». Un jour, le Père vit le diable et la Sainte Vierge au moment du jugement d’une pauvre dame, qu’on appelait la « mère Ripaton ». Le diable dit : « Elle ne vaut rien, elle est à moi. » La Mère de Dieu répondit : « Oui, mais elle a donné un jour un chandelier à la paroisse : vous me la donnerez, cette âme. » Et le démon : « Il le faut bien ! » Le curé en conclut que la Sainte Vierge est une chiffonnière admirable : elle sait trouver quelque chose là où il n’y a presque rien.
Le Père Lamy avait annoncé longtemps à l’avance la guerre, demandant à ses fidèles de prier et de se convertir : les causes de la guerre, disait-il, sont le travail du dimanche, les blasphèmes et ce qu’il appelait la « prostitution dans le mariage ». La Grande Guerre venue, il exerça un ministère tout particulier : confessant des centaines et des milliers de soldats de passage à la gare de la Courneuve, assistant les mourants, enterrant les morts, recevant dans son église les aumôniers de passage. Le 15 mars 1918, un dépôt de munitions près de la Courneuve produisit une immense explosion. Le Père Lamy, prévenu par le ciel, avait prié pour que les vies soient épargnées : il n’y eut pas un mort. Un prodige se produisit dans l’église : le tabernacle ayant été arraché, la dalle du tabernacle partie, « le ciboire est resté sur le corporal et le corporal en l’air » (P. BIVER, Apôtre et mystique, p. 156). Le cardinal Amette, qui tenait le Père Lamy pour « un vrai saint », interpréta le fait comme le « signe que, malgré l’effondrement d’une partie de l’église, l’Hôte divin voulait continuer de rester au milieu de cette population pour la soutenir et la consoler ». (Semaine Religieuse de Paris, 1918, p 326-7).
Le Père Lamy, se trouvant trop infirme, voulut démissionner déjà en 1920, mais on ne trouva pas de solution satisfaisante. En 1923, on accepta, et il se retira à l’Infirmerie Marie-Thérèse et se dédia au pèlerinage de Notre-Dame-des-Bois. Il fréquentait à cette époque les cercles d’étude de Jacques et Raïssa Maritain. Il rencontra le comte Paul Biver, qui devait l’aider à fonder la Congrégation demandée par la Sainte Vierge. Des jeunes gens se présentèrent, et peu à peu l’œuvre prit corps. Cependant, ce fut vite une déception, les postulants n’étant pas à la hauteur. Finalement l’œuvre fut dissoute. Le Père Lamy mourut le 1er décembre 1931, lors d’une visite chez son ami le comte Biver, sans avoir vu la réalisation de son œuvre. Il fut enterré dans le cimetière paroissial de La Courneuve.
Les Serviteurs de Jésus et de Marie.
Congrégation fondée par le Père Lamy, elle s’est d’abord installée le 25 mars 1930 à Chambourg (Indre-et-Loire), puis le 2 octobre 1941 dans l’ancienne abbaye cistercienne d’Ourscamp (Oise). Les Serviteurs de Jésus et de Marie regroupent des religieux qui assurent un apostolat à l’extérieur de leur communauté, notamment auprès de la jeunesse (aumônerie d’établissement scolaire ou d’hôpital, préparation au mariage, au baptême, accompagnement spirituel, prédications, visites des maisons de retraite, etc.). La congrégation est reconnue comme institut de droit diocésain le 15 juillet 1948. Après un déclin dans les années 1960, la communauté refleurit à partir de 1980 et fonde deux prieurés, en Alsace et en Argentine, pour un total actuel de 30 frères. La famille spirituelle s’est enrichie de divers mouvements pour les oblats séculiers, pour les couples, pour les adolescents, pour les familles. C’est de son sein qu’est partie l’œuvre Points-Cœur, qui s’est ensuite répandue dans le monde entier. Enfin, il ne faut pas confondre cette famille avec les Serviteurs de Jésus et Marie (SJM), congrégation allemande fondée en 1988.