Les paroles de l’Ange préparant les apparitions de Notre Dame. En 1915, à Fatima, la mère de Lucia lui confia la garde du troupeau. Elle avait huit ans et des petits camarades de son âge l’accompagnaient : Teresa Matias, sa sœur Maria Rosa et Maria Justino. Les quatre fillettes avaient monté leur troupeau jusqu'à la cime de la colline où se trouvait un grand terrain planté d'arbres. Vers midi, elles mangèrent puis ensuite récitèrent le chapelet, comme il était coutume de le faire dans les campagnes portugaises de l'époque. À peine ayant commencé leur récitation, les enfants virent comme suspendue en l'air au-dessus des arbres, une figure semblable à une statue de neige, que les rayons du soleil rendaient un peu transparente. Tout en continuant le chapelet, les petites filles fixèrent les yeux sur cette figure qui disparut dès qu'elles l'eurent terminé. La nouvelle de cette première apparition se répandit au village par les compagnes de Lucia, mais personne n'y fit attention. Les petites furent réprimandées par leurs parents, et même battues. Tout le village se moqua des fillettes qui avaient vu « quelque chose » qu'elles ne savaient décrire, mais qui « avait une forme humaine ». Cette « chose » apparaîtra deux autres fois aux mêmes enfants sans qu’aucun message ne soit délivré. Dieu voulait certainement préparer Lucia aux apparitions de la Très Sainte Vierge. Un an après ces toutes premières manifestations à Fatima, l'Ange se manifesta de nouveau au printemps 1916, cette fois aux trois petits pastoureaux : Lucia, Francisco et sa sœur Jacinta. Ils étaient sur la colline avec leurs brebis quand un vent assez fort secoua les arbres. Levant les yeux, les enfants virent comme un jeune garçon de 15 ans tout au plus, vêtu d'un blanc pur, que le soleil rendait transparent comme s'il était en cristal. En arrivant près des trois enfants, l'Ange dit : « Ne craignez pas ! Je suis l'Ange de la Paix. Priez pour moi ! » Puis s'agenouillant à terre, il courba le front jusqu'au sol. Les enfants firent de même, et répétèrent les paroles qu'ils entendirent : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, et qui ne vous aiment pas. » Il répéta trois fois cette prière puis il se releva en disant : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications », puis il disparut.
La seconde apparition de l’Ange aux pastoureaux de Fatima s'est sans doute passée en été, car il y faisait très chaud. Alors qu’ils étaient en train de jouer, l’Ange dit : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup ! Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices. » Lucia demanda comment devaient-ils faire pour se sacrifier ; et l'Ange lui répondit : « De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre patrie. Je suis son Ange Gardien, l'Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra. » Après l'apparition, Francisco demanda à sa cousine : « Que t'a dit l'Ange ? » Étonnée, Lucia lui demanda s'il avait entendu le dialogue, mais le petit garçon lui répondit : « Non, j'ai vu qu'il te parlait et j'ai entendu ce que tu lui as répondu, mais je ne sais pas ce qu'il t'a dit. » À l'automne 1916, les pastoureaux de Fatima faisaient paître leurs troupeaux. Après le repas, ils se mirent à prier là où précisément l'Ange leur était apparu la première fois. Alors qu'ils récitaient la prière apprise par l'Ange (« Mon Dieu, je crois, j'adore et je vous aime... »), le visage contre terre, une lumière apparut au-dessus d'eux. Se relevant, les enfants virent de nouveau l'Ange qui cette fois tenait dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans ce calice. Laissant le calice et l'hostie suspendus en l'air, l'Ange se prosterna près des enfants et répéta trois fois cette prière : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Très Saint-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. » Puis, se relevant, Il prit de nouveau le calice et l'hostie dans ses mains, donna la sainte Communion à Lucia, et donna le sang du calice à Jacinta et à Francisco, en disant : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. » Il se prosterna une dernière fois avec les enfants et répéta à nouveau trois fois la prière de la Sainte Trinité, ci-dessus. Les trois petits voyants gardèrent le plus absolu silence sur les apparitions de l'Ange. Pourquoi donc ? Sœur Lucia le dit plus tard : « À cause de l'expérience pénible après l'apparition de 1915. »
La vision de l’enfer du 13 juillet est un moment clé du message de Fatima.
Voici un extrait du récit que fit Sœur Lucia des apparitions du 13 juillet :
« Que voulez-vous de moi ? », demandais-je. « Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours en l'honneur de Notre Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu'elle seule peut vous secourir. » « Je voudrais vous demander qui vous êtes et vous demander de faire un miracle pour que tous croient que vous nous apparaissez. » « Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, et ce que je veux et je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire. »
Elle poursuivit : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, spécialement chaque fois que vous ferez un sacrifice "Ô Jésus, c'est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie". »En disant ces mots, elle ouvrit de nouveau les mains comme les deux mois précédents. Le reflet de ses mains parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu, nous voyions les démons et les âmes des damnés. Celles-ci étaient comme des braises transparentes noires ou bronzées, ayant forme humaine. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui, sortaient d'elles-mêmes avec des nuages de fumée tombant de tous côtés, semblables aux étincelles qui tombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de peur... Les démons se distinguaient par des formes horribles et répugnantes d'animaux extraordinaires et inconnus, mais transparentes et semblables à de noirs charbons embrasés ; effrayés, comme pour demander au secours, nous avons levé les yeux vers Notre Dame qui nous dit avec bonté et tristesse :
« Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront et auront la paix. La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse pas d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI commencera une autre, pire. Quand vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne qu'il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine, et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour l'empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l'on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, et le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. Plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père consacrera la Russie qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi... (suit la troisième partie du secret). Cela, ne le dites à personne. À Francisco, vous pouvez le dire. Quand vous réciterez le Chapelet, dites après chaque dizaine "Ô Mon Jésus, pardonnez-nous. Préservez-nous du feu de l'enfer, attirez au ciel toutes les âmes, principalement celles qui en ont le plus besoin". »
« Vous ne me demandez rien d'autre ? »
« Non, aujourd'hui, je ne te demande rien d'autre. »
Et comme d'habitude, elle commença à s'élever dans la direction du levant, jusqu'au moment où elle disparut dans l'immense espace du firmament.
L’extraordinaire miracle du soleil du 13 octobre 1917. L'apparition du 13 octobre 1917 est sûrement la plus connue des apparitions de Fatima, et peut-être même de toutes les apparitions mariales. Cette réputation n'est pas usurpée. En effet, en premier lieu, il y eut entre 50 et 70 000 témoins, record absolu dans toute l'histoire des apparitions. Affluence d'autant plus exceptionnelle qu'à l'époque, les moyens de transport étaient beaucoup moins développés que de nos jours. Mais le caractère le plus extraordinaire de cette apparition est le miracle de la danse du soleil, miracle annoncé dès le 13 juillet. Jamais aucune apparition n’a été authentifiée d’une manière aussi spectaculaire. Ce point à lui seul fait des apparitions de Fatima les plus extraordinaires de l’histoire, car il faut remonter aux temps apostoliques pour trouver un phénomène similaire. Jamais depuis les ténèbres du Vendredi Saint apparues au moment de la crucifixion, il n’y eut de miracle cosmique aussi extraordinaire.
Dans toute l'histoire de l'humanité, on ne recense que quatre phénomènes naturels de cette ampleur : le déluge, l'arrêt du soleil pendant la bataille de Josué contre les Amorrhéens à Gabaon (Josué X, 12-13), les ténèbres du Vendredi Saint et la danse du soleil de Fatima. Quelques auteurs ont essayé de contester la réalité de cette danse du soleil en affirmant qu’elle était le fruit d’une hallucination collective ou d’un OVNI. Mais plusieurs faits ne concordent pas avec cette explication. D’abord, le ciel fut couvert toute la matinée : personne ne pouvait donc se douter que le miracle concernerait le soleil puisqu’on ne le vit pas de toute la matinée et que le ciel ne se dégagea qu’au tout début de l’apparition. Au contraire, beaucoup s’attendaient à un miracle d’un tout autre genre et pensaient que la guerre finirait ce jour-là d’une manière extraordinaire. Il est donc exclu qu’il puisse s’agir d’une hallucination collective. Ensuite, les habits trempés par la pluie tombant depuis le début de la matinée se retrouvèrent secs après le bref quart d’heure que dura la danse du soleil. Là encore, il est impossible d’attribuer ce phénomène à une imagination collective. Mais surtout, la danse du soleil fut observée par des personnes situées à plusieurs kilomètres de la Cova da Iria. Voici deux témoignages : - Le poète Alfonso Lopes Vieira qui se trouvait dans sa maison de campagne située au bord de l’océan à Sao Pedro, à 40 kilomètres de Fatima, put observer le phénomène. Il raconta : « En ce jour du 13 octobre, alors que je n’avais pas gardé le souvenir des prédictions des petits bergers, je fus émerveillé par un spectacle éblouissant dans le ciel, pour moi entièrement nouveau, auquel j’ai assisté de ce balcon » (Témoignages sur les apparitions de Fatima, par le Père De Marchi, p. 204). - Les habitants d’Albiturel, village situé à une dizaine de kilomètres de Fatima, témoignent aussi :
« J’avais alors neuf ans à peine, raconte l’abbé Inacio Lourenço Pereira. Je fréquentais l’école primaire de mon pays natal, petit village perché sur une colline solitaire, juste en face de la montagne de Fatima, à dix ou onze kilomètres de distance. Il était midi environ, lorsque subitement, nous fûmes alarmés par les cris et les clameurs des hommes et des femmes qui passaient sur la voie publique devant l’école. (…) Dehors, sur la place, les gens rassemblés pleuraient et criaient, montrant le soleil, sans même entendre les questions que leur posait notre institutrice toute angoissée (…) Je regardais fixement l’astre ; il me paraissait pâle et privé de son éblouissante clarté ; il semblait un globe de neige tournant sur lui-même. Puis, tout à coup, il parut descendre en zigzag menaçant de tomber sur la terre. Affolé, absolument affolé, je courus me mettre au milieu des gens. Tous pleuraient, attendant d’un moment à l’autre la fin du monde. (…) Pendant les longues minutes du phénomène solaire, les objets placés près de nous reflétaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel… Nos visages étaient tantôt rouges, tantôt bleus, tantôt jaunes, etc. Ces phénomènes étranges augmentaient notre terreur. Au bout de dix minutes, le soleil reprenait sa place de la même manière qu’il était descendu, toujours pâle et sans éclat » (Fatima, merveille du XXe siècle, par le chanoine Barthas, p. 136). Le plus extraordinaire, c’est que les adversaires des apparitions, très nombreux à l’époque, n’ont jamais pu obtenir un seul témoignage de quelqu’un affirmant n’avoir rien vu ce jour-là ! Ils ont tenté de prouver qu’il s’agissait d’un phénomène naturel, mais n’ont pas osé prétendre à l’époque qu’il ne s’agissait que d’une hallucination (voir les deux articles du journal O seculo). Même en admettant que ce soit un phénomène naturel, comment de jeunes enfants incultes ont-ils pu le prévoir trois mois à l’avance ? Il est donc incontestable que, le 13 octobre 1917 à Fatima, il se produisit un phénomène extraordinaire. Ce miracle est d’abord la marque absolument irréfutable d’une intervention divine. Il cautionne les apparitions de Fatima comme aucune autre apparition ne l’a été. Mais si le Ciel les a marquées d’un signe aussi extraordinaire, ce n’est pas gratuitement : ce miracle vise à souligner l’exceptionnelle importance du message délivré par Notre Dame, en particulier la révélation d’une volonté divine. Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. À qui l’embrassera, Notre Dame promet le Salut : un moyen qui nous donne l’assurance de l’obtenir mérite donc bien d’être marqué par un signe extraordinaire.
Les trois secrets de Fatima. Le 13 juillet 1917, au cours de sa troisième apparition à Fatima, Notre Dame révéla aux trois petits voyants un secret en précisant : « Ceci, ne le dites à personne. » Mais Sœur Lucia commença à en révéler certains éléments dès 1925. Puis, elle en mit par écrit la plus grande partie dans ses troisième et quatrième mémoires en 1941, gardant caché ce qu’elle appelait « la troisième partie ». À la demande de son évêque et après y avoir été formellement autorisée par la Sainte Vierge au cours d’une apparition le 2 janvier 1944, Sœur Lucia écrivit à propos de cette troisième partie, puis informa Mgr Da Silva qu’elle avait mis son récit sous enveloppe cachetée. Le 17 juin de cette même année, elle remit elle-même cette enveloppe à Mgr Fereira Da Silva, évêque de Gurza, qui la remit le soir-même à Mgr Correia Da Silva, l’évêque de Leiria-Fatima. Celui-ci ne voulut pas ouvrir l’enveloppe et la plaça dans son coffre. L’ayant su, Sœur Lucia lui demanda expressément de diffuser son contenu au plus tard le jour de sa mort ou en 1960, selon ce qui arriverait en premier, mais qu’il était toujours autorisé à en prendre connaissance dès qu’il le voudrait. En 1956, le Vatican demanda l’obtention du secret. Mgr Da Silva, qui ne voulait toujours pas en prendre connaissance, transmis l’enveloppe cachetée au Vatican, laquelle fut remise au pape Pie XII qui la déposa sans l’ouvrir dans un petit coffre de son bureau. C’est là que Jean XXIII la trouva. Il ne l’ouvrit pas tout de suite, mais le 19 août 1959. Après avoir pris connaissance du secret, il referma l’enveloppe, déclara qu’il ne ferait aucune déclaration et la remit dans le coffre de son bureau. C’est là également que Paul VI la retrouva. Ce dernier lut le secret le 27 juin 1965, soit cinq jours après son élection, puis n’en parla plus jamais. Selon plusieurs sources fiables, il est probable que Jean-Paul Ier puis Jean-Paul II trouvèrent le secret toujours dans le petit coffre. Mais, ni l’un, ni l’autre ne communiquèrent sur son contenu. Ce n’est que le 13 mai 2000, au cours de la cérémonie de béatification de Francisco et Jacinta à Fatima, que le secrétaire d’État, le cardinal Sodano, annonça que le secret allait être révélé. Il fallut encore attendre cinq semaines avant que le Vatican diffuse, le 26 juin, un texte de 62 lignes décrivant une vision du Pape abattu par des soldats au milieu d’une ville en ruine au pied d’une grande croix en bois.
Immédiatement, ce texte souleva une polémique car il ne correspondait pas du tout à ce que les experts de Fatima pensaient savoir de ce secret. Il soulevait de nombreuses questions, en particulier une absence de lien, au moins en apparence, avec les grands enseignements de Fatima. Il semblait même proposer d’autres moyens de Salut, dont Sœur Lucia n’avait jamais parlé de toute sa vie. De plus, il s’insérait mal dans le déroulement de la troisième apparition, juste après les paroles de Notre Dame : « Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. » Aussi, la communauté catholique se divisa-t-elle, et trois positions virent le jour :
- ceux qui acceptaient le texte diffusé par le Vatican comme étant l’intégralité du secret (pour eux, le secret concerne donc les persécutions que subit l’Église à l’époque actuelle) ;
- ceux qui pensaient qu’il manque une explication de Notre Dame pour faire le lien avec le message qu’elle avait délivré par ailleurs ;
- enfin ceux qui pensaient que ce texte n’est pas de Sœur Lucia. Les arguments avancés par les trois partis sont solides et il n’est guère facile d’affirmer de façon certaine où est la vérité.
Plutôt que de polémiquer sur le sujet, le plus sage est de prier pour que le Vatican fasse la lumière sur toutes ces questions, sans oublier de s’intéresser au reste du secret, et plus généralement à l’intégralité du message de Fatima qui est d’une richesse extraordinaire et souvent encore méconnu de nos jours.
Pour ceux qui voudraient néanmoins creuser la question de ce troisième secret, nous leur signalons à toutes fins utiles la réédition récente par les Nouvelles Éditions Latines du livre de Joseph de Belfont : Mystères et vérités cachées du troisième secret de Fatima. L’auteur tente de faire le point sur cette question en présentant notamment les points forts et les points faibles de chaque solution. L’objectivité des arguments qu’il avance et son grand respect des autorités religieuses permettent au lecteur de faire lui-même son propre choix.
Notre-Dame de Fatima et la France. En 1931, à Tuy (Espagne), Sœur Lucia reçut du Christ une plainte sur la lenteur de la réponse des hommes à cette demande de consécration au Cœur Immaculé de Marie : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande. Comme le roi de France, ils s’en repentiront, et ils le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église : le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. Faites savoir à mes ministres que, suivant l’exemple du Roi de France en retardant l’exécution de mes ordres, ils le suivront dans sa déchéance. » Cette surprenante référence au roi de France se rapporte à la demande de consécration au Sacré-Cœur que Sœur Marguerite-Marie Alacoque transmit à sa Mère supérieure par une lettre du 17 juin 1689 : « Fais savoir au Fils aîné de mon Sacré-Cœur (il s’agit du roi de France) que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de gloire éternelle par la consécration à mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et, par son entremise, de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis et de tous ceux de la sainte Église. Mon Père veut se servir du Roi pour l'exécution de Son dessein, qui est la consécration d'un édifice public où serait placé le tableau de mon Cœur pour y recevoir les hommages de toute la France. » La demande du Christ ne fut pas exécutée par Louis XIV et 100 ans plus tard, jour pour jour, le 17 juin 1789, les États généraux convoqués par Louis XVI décidèrent de se proclamer Assemblée constituante : c'est le moment clé du basculement de la France dans la Révolution. 242 ans plus tard, le Christ n’a pas oublié. Il y a bien sûr un lien naturel entre Fatima et Paray-le-Monial, parce qu’il y a un lien fondamental entre le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie. Relisons Pie XII dans son message du 8 décembre 1942 : « Les fidèles doivent veiller à associer étroitement le culte du Sacré-Cœur et le culte envers le Cœur Immaculé de Marie, car notre Salut vient de l'amour et des souffrances de Jésus-Christ indissolublement unis à l'amour et aux souffrances de sa Mère. C'est pourquoi il convient que le peuple chrétien rende aussi au Cœur très aimant de sa céleste Mère, de semblables hommages de piété, d'amour, de gratitude et de réparation. Aux âmes de péché, à celles qui souffrent de leurs fautes, à celles qui veulent expier les péchés des autres, la dévotion du Cœur de leur Mère paraît être un havre à la fois d'idéal et de pardon. »
Fatima sur Creuse.
Le 100e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Fatima au Portugal est aussi célébré au cœur de la France, dans la Creuse. Un nouveau sanctuaire a été inauguré ce jour, samedi 13 mai 2017, par Monseigneur Perrier, évêque émérite de Tarbes et Lourdes. Le sanctuaire créé dans le centre spirituel Notre-Dame du Moulin au Moutier d’Ahun rassemble plusieurs statues toutes réalisées par un artisan portugais : la statue de la Vierge Marie, des trois enfants : Lucia, Jacinta et Francisco, de l’Ange de Fatima, des moutons, et des colombes qui représentent le Saint Esprit. On retrouve y également 50 kg de terre ramassée à la Cova da Iria, lieu de l’apparition de la Vierge Marie à Fatima, « afin que Marie se sente un peu chez elle ». L’association Notre-Dame du Moulin souhaite ainsi rassembler les églises locales autour de la Vierge Marie afin que tous soient mus par une réelle volonté évangélisatrice. Aussi, réjouissons-nous de l'ouverture de ce sanctuaire qui vient s'ajouter aux quelques églises déjà consacrées à Notre-Dame de Fatima comme celle de Notre-Dame de Fatima / Marie Médiatrice à Paris dans le 19e arrondissement. La dévotion à Notre-Dame de Fatima a d’ailleurs largement été répandue en France par la communauté portugaise, très présente dans les années 1960 et 1970.